Dans le bus à Paris, un après-midi de printemps
"Toutes ces bonnes choses gagnées depuis les années 30, il va toutes les supprimer. Parce qu'il est pro-Bush et pro-Blair. Vous savez, c'est Thatcher et Blair réunis avec un brin de Berlusconi."
La jeune femme se lève ; elle descend à la prochaine station. La Senior prend sa place regardant maintenant en direction opposée au déplacement du bus. Elle continue son discours à haute voix. Une autre Senior tournée elle, dans le sens de la marche hausse le ton :
"S'il vous plaît Madame, arrêtez de parler pour tout le monde dans le bus. Le temps de l'élection [présidentielle] est passé. Qu'on souffle un peu."
A contre sens vient la réplique, elle aussi courtoise :
"Madame, je ne fais que répondre à une question. J'ai quand même le droit de répondre à une question. On n'est quand même pas sous la Gestapo."
La réponse ne tarde pas provenant de l'avant :
"Je ne vous interdis pas de penser ce que vous voulez. Simplement ne parlez pas aussi fort vous n'êtes pas seule dans ce bus. Et par ailleurs, sachez Madame que dans ce pays chacun a des droits mais aussi des devoirs."
La voix à contre-courant rétorque :
"Sachez vous aussi Madame que je n'ai pas besoin de vos sermons."
Le silence s'installe à nouveau parmi les voyageurs. Les visages se ferment. Les regards replongent dans le vide. La tension chute.
Il fait chaud. Le bus est bondé. Paris est embouteillée. La France dance le blues.
m-AB